Blaise Pascal

Blaise Pascal

Naissance 19 juin 1623
Décès 19 août 1662
Sépulture Église Saint-Étienne-du-Mont
Domiciles Clermont-Ferrand (1623-1631), Paris (1631-1639), Rouen (1640-1647), Paris (1648-1662)
Activités Mathématicien, écrivain, moraliste, physicien, philosophe, théologien, statisticien

Blaise Pascal, né le 19 juin 1623 à Clermont (aujourd'hui Clermont-Ferrand) en Auvergne et mort le 19 août 1662 à Paris, est un mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien français1. Enfant précoce, il est éduqué par son père. Les premiers travaux de Pascal concernent les sciences naturelles et appliquées. Il contribue de manière importante à l’étude des fluides et clarifie les concepts de pression et de vide en étendant le travail de Torricelli. Il est l'auteur de textes importants sur la méthode scientifique. À 19 ans, il invente la première machine à calculer, la développe, puis présente à ses contemporains sa pascaline achevée. Mathématicien de premier ordre, il crée deux nouveaux champs de recherche majeurs : tout d’abord, il publie un traité de géométrie projective à 16 ans ; ensuite il développe en 1654 une méthode de résolution du « problème des partis » qui, donnant naissance au cours du xviiie siècle au calcul des probabilités, influencera fortement les théories économiques modernes et les sciences sociales. Après une expérience mystique qu'il éprouve en novembre 1654, il se consacre à la réflexion philosophique et religieuse, sans toutefois renoncer aux travaux scientifiques. Il écrit pendant cette période Les Provinciales, et les Pensées, publiées seulement après sa mort qui survient deux mois après son 39e anniversaire, alors qu’il a été longtemps malade. Le 8 juillet 2017, dans un entretien au quotidien italien La Repubblica, le pape François annonce que Blaise Pascal « mériterait la béatification » et qu'il envisage de lancer la procédure officielle.

Biographie

Jeunesse

Né à Clairmont (actuel Clermont-Ferrand2), en Auvergne, Blaise Pascal est issu d'une famille bourgeoise proche de la noblesse de robe, auvergnate depuis plusieurs générations. Il est baptisé en l'église Saint-Pierrea le 27 juin 16233. Il perd sa mère, Antoinette Begon, le 29 juin 1626, alors qu’il n'a que 3 ans4,5. Son père, Étienne Pascal (1588-16514), très intéressé par les mathématiques et les sciences6, est conseiller du roi7 pour l'élection de Basse-Auvergne, puis second président à la cour des aides de Montferrand. Devenu veuf, il décide d'éduquer seul ses enfants. Blaise Pascal a deux sœurs, Jacqueline, née en 1625, et Gilberte (née en 1620, mariée en 1642 à Florin Périer (de), conseiller à la cour des aides de Clairmont) qui lui survivra8. Le blason familial est d'azur à l'agneau pascal d'argent, la banderole chargée d'une croix de gueules9,10,11. En 1631, Étienne Pascal quitte sa maison de Clermont et part avec ses enfants à Paris, alors que Blaise n'a encore que huit ans. Il décide d’éduquer lui-même son fils, qui montre des dispositions mentales et intellectuelles extraordinaires. En effet très tôt, Blaise a une capacité immédiate pour les mathématiques et la science, peut-être inspirée par les conversations fréquentes de son père avec les principaux savants de l’époque : Roberval, Marin Mersenne, Girard Desargues, Claude Mydorge, Pierre Gassendi et Descartes12. Malgré sa jeunesse, Blaise participe activement aux séances où les membres de l’académie Mersenne soumettent leurs travaux à l'examen de leurs pairs8. À 11 ans, il compose un court Traité des sons des corps vibrants et aurait démontré la 32e proposition du Ier livre d’Euclide (concernant la somme des angles d'un triangle)b. Étienne Pascal réagit en interdisant à son fils toute poursuite de ses études en mathématiques jusqu’à 15 ans, afin qu’il puisse étudier le latin et le grec. Sainte-Beuve (dans son Port-Royal, III, p. 484) raconte : « Je n’ai rien à dire des éléments de géométrie, si ce n’est que Pascal, qui les avait lus en manuscrit, les jugea si clairs et si bien ordonnés qu’il jeta au feu, dit-on, un essai d’éléments qu’il avait fait lui-même d’après Euclide et qu’Arnauld avait jugé confus ; c’est même ce qui avait d’abord donné à Arnauld l’idée de composer son essai : en riant, Pascal le défia de faire mieux, et le docteur, à son premier loisir, tint et gagna la gageure. » À 12 ans (1635), il commence à travailler seul sur la géométrie. Le travail de Desargues l'intéresse particulièrement et lui inspire, à 16 ans, un traité sur les sections coniques qu'il soumet à l'académie Mersenne : Essai sur les coniques. La majeure partie en est perdue mais un résultat essentiel et original en reste sous le nom de théorème de Pascal. Le travail de Pascal est si précoce que Descartes, en voyant le manuscrit, croira qu’il est de son père13.) En 1638, Étienne Pascal, opposé aux dispositions fiscales du cardinal de Richelieu, quitte Paris avec sa famille pour échapper à la Bastille. Lorsque Jacqueline, sœur de Blaise, dit un compliment particulièrement bien tourné devant Richelieu, Étienne obtient sa grâce. En 1639, la famille s’installe à Rouen où Étienne devient commissaire délégué par le roi pour l’impôt et la levée des tailles. À 18 ans (1641)14,15, Blaise commence le développement de la première machine à calculer capable d’effectuer des additions et des soustractions16, afin d’aider son père dans son travail17,18. Après trois ans de développement et une cinquantaine de prototypes, il présente à ses contemporains sa pascaline. Il la dénomme machine d’arithmétique, puis roue pascaline et enfin pascaline, et en écrit le mode d’emploi : Avis nécessaire à ceux qui auront la curiosité de voir ladite machine et s’en servir19. Bien que ce soit le tout début du calcul mécanique, la machine est un échec commercial à cause de son coût élevé (100 livres). Pascal améliore la conception de la machine pendant encore dix années et en construit une vingtaine d’exemplaires20. Plusieurs sont conservés, en France, au Musée des arts et métiers à Paris et au musée de Clermont-Ferrand. Article détaillé : Pascaline. Pascal est également à l’origine de l’invention de la presse hydraulique, s'appuyant sur le principe qui porte son nom. On lui attribue également l’invention de la brouette, ou vinaigrette, et du haquet, véhicule hippomobile conçu pour le transport des marchandises en tonneaux. Ces attributions semblent remonter à la première édition complète des écrits de Pascal due à Charles Bossut, qui, dans l’avertissement, mentionne ces inventions d’après le témoignage de M. Le Roi, de l’Académie des sciences, lequel tient ses informations de son père, Julien Le Roi21.

Derniers travaux et décès

T. S. Eliot décrit Pascal, à cette période de sa vie, comme « un homme mondain parmi les ascètes et comme un ascète parmi les hommes du monde ». Le style de vie ascétique de Pascal vient de sa foi en ce qu'il est naturel et normal pour un homme de souffrir. Dans ses dernières années troublées par une mauvaise santé, il rejette les ordonnances de ses médecins en disant : « La maladie est l'état naturel du chrétien. » D'après sa sœur Gilberte, il écrit alors la Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies. En 1659, Pascal tombe sérieusement malade. Louis XIV interdit le mouvement janséniste de Port-Royal en 1661. En réponse, Pascal écrit un de ses derniers travaux, Écrit sur la signature du formulaire, recommandant instamment aux jansénistes de ne pas le signer. Plus tard, au cours de cette année, sa sœur Jacqueline meurt, ce qui convainc Pascal de cesser sa polémique à propos du jansénisme. Grâce à ses connaissances en hydrostatique, il participe à l’assèchement des marais poitevins, à la demande du duc de Roannez. C'est avec ce dernier qu'il inaugure la dernière de ses réalisations qui reflète parfaitement le souci d’action concrète qui habite le savant : la première ligne de « transports en commun », convoyant les passagers dans Paris avec des carrosses à cinq sols munis de plusieurs sièges. En 1662, la maladie de Pascal est devenue plus violente. Conscient du fait qu'il a peu de chances de survivre, il songe à trouver un hôpital pour les maladies incurables, mais ses médecins le déclarent intransportable. À Paris, le 17 août 1662, Pascal a des convulsions et reçoit l’extrême-onction. Sa sœur Gilberte l'accompagne jusqu'à la fin. Il meurt le 19 août22, au no 8 de la rue Neuve-Saint-Étienne-du-Mont (devenue le 2 rue Rollin). On dit que ses dernières paroles sont : « Que Dieu ne m'abandonne jamais »23. Il est enterré dans l'église Saint-Étienne-du-Mont. L'autopsie pratiquée après sa mort révèle de graves problèmes stomacaux et abdominaux, accompagnés de lésions cérébrales. Malgré cette autopsie, la raison exacte de sa santé chancelante n'est pas connue. Des spéculations ont lieu à propos de tuberculose, d'un cancer de l'estomac ou d'une combinaison des deux. Les maux de tête qui affectaient Pascal sont attribués à la lésion cérébrale (Marguerite Périer, sa nièce, dit dans sa biographie de Pascal que l'autopsie révèle que « le crâne ne comportait aucune trace de suture autre que la lambdoïde… avec une abondance de cervelle, dont la substance était si solide et si condensée… »). Les professeurs M. Dordain et R. Dailly, de la Faculté de Médecine de Rouen, développent, dans les années 1970, les travaux de MM. Augeix, Chedecal, Crussaire et Nautiacq et établissent un « diagnostic d’insuffisance rénale chronique » avec « suspicion d’une maladie polykistique des reins » et « présence de lésions vasculaires cérébrales en voie de complications (thrombose) ». Pascal aurait donc été atteint « d’une maladie génétique [dont] les expressions cliniques [entrent] dans le cadre des dystrophies angioplasiques congénitales… objet de travaux (Pr J.-M. Cormier et Dr J.-M. André, 1978 et 1987) ces dernières années »24. Pascal ne put achever, avant de mourir, son travail théologique le plus important : un examen soutenu et logique de la défense de la foi chrétienne, avec pour titre original Apologie de la religion chrétienne. Après sa mort, de nombreuses feuilles de papier sont trouvées lors du tri de ses effets personnels, sur lesquelles sont notées des pensées isolées, feuilles regroupées en liasses dans un ordre provisoire mais parlant. La première version de ces notes éparses est imprimée en 1670 sous le titre Pensées de M. Pascal sur la religion et sur quelques autres sujets25,16. Elles deviennent très vite un classique. Parce que ses amis et les disciples de Port-Royal sont conscients que ces « pensées » fragmentaires peuvent mener au scepticisme plutôt qu’à la piété, ils cachent les pensées sceptiques et modifient une partie du reste, de peur que le roi ou l’église n’en prenne offense alors que la persécution de Port-Royal a cessé, et les rédacteurs ne souhaitent pas une reprise de la polémique. Il faut attendre le xixe siècle pour que les Pensées soient publiées complètement et avec le texte d’origine, tirées de l'oubli et éditées par le philosophe Victor Cousin.